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Page:Gervaise de Latouche - Histoire de Dom Bougre, Portier des Chartreux,1922.djvu/243

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à son amant ne sont rien quand elles sont ensevelies dans l’ombre du secret ; qu’elles n’en rendent la beauté que plus vive et plus piquante, par les nouveaux attraits dont elles l’embellissent ; qu’il est dangereux de garder trop longtemps une fleur qui se fane tous les jours ; qu’il est si doux de la laisser cueillir, que sa perte n’est qu’idéale ; qu’un mari, quelque habile qu’il soit, fût-il éclairé par les yeux de la jalousie même, n’en saurait avoir le moindre soupçon ; ajoutez, d’une manière détournée, qu’il est mille secrets pour empêcher ce que les filles craignent tant, la grossesse, que vous en savez. Arrêtez-vous alors, examinez leur visage, vous le verrez enflammé ; leurs yeux, vous les verrez étincelants ; vous les verrez chancelantes. Laissez tomber négligemment votre main sur leurs tétons ; pressez-les, serrez-leur tendrement la main, lancez-leur des regards passionnés, bientôt vous entendrez leurs soupirs, fidèles interprètes des sentiments de leur cœur. Joignez vos soupirs aux leurs, appliquez un baiser sur leur bouche, offrez-vous alors pour consolateur de leurs peines. L’aveu de ce qui se passe dans leur cœur établit la confiance, on ne rougit plus d’être faible avec un homme qui connaît votre faiblesse, et qui, par la sienne, vous console de la vôtre.

Le discours du Père Siméon m’avait si fort échauffé l’imagination ; il avait été porter à mon cœur de si douces émotions, que presque convaincu, je ne voulus plus douter de la possibilité d’une chose que je n’avais d’abord regardée que comme un badinage.

Je réitérai mes instances auprès du Père, avec plus de vivacité que je ne l’avais fait la première fois, et bientôt, par son canal, j’obtins ce que je demandais.

Il me tardait de me voir érigé en médiateur entre les pécheurs et le Père des miséricordes. Je me faisais une