d’injustes. Je vous le répète, je ne doute pas de votre
amour, vous ne doutez pas du mien, mais hélas ! de
quoi nous servira-t-il de brûler d’une flamme inutile,
puisqu’une mère cruelle nous refuse la satisfaction que
nous lui demandons ? Ah ! Verland, le rouge qui me
couvre le visage ne vous dit-il pas quel est le moyen
que je prétends employer ?
— Chère Monique, me dit-il, en me serrant tendrement le bras contre la bouche, ton amour te fait-il enfin sentir la nécessité d’une chose que je t’ai proposée tant de fois inutilement ?
— Oui, lui répondis-je, votre amour n’aura plus de plaintes à me faire, il n’est plus temps de vous déguiser la force de mes désirs, ils sont à leur comble, mais pour nous rendre heureux, je n’attends qu’un mot de votre bouche.
— Parlez, interrompit-il vivement ; que faut-il faire ?
— Épouser ma mère, lui répondis-je.
La surprise lui coupa la parole ; il me regardait avec des yeux égarés.
— Épouser votre mère ! me dit-il enfin, Monique, que me proposez-vous ?
— Une chose, lui répondis-je, irritée de son étonnement, dont je suis au désespoir de vous avoir parlé. Je vois par la froideur avec laquelle vous recevez une proposition qui m’a coûté des torrents de larmes, ce que je dois penser de votre amour ; votre indifférence m’éclaire sur l’indignité de ma passion. Ciel ! ai-je pu concevoir de pareils sentiments pour un homme que sa lâcheté en rend indigne ?
— Monique, reprit-il tristement, ma chère Monique, aies pitié de ton amant. À quoi veux-tu le réduire ?
— Ingrat ! lui répondis-je, quand j’ose surmonter