Aller au contenu

Page:Gervaise de Latouche - Histoire de Dom Bougre, Portier des Chartreux,1922.djvu/69

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 59 —

— Quoi ! reprit-elle, tu ne t’étais jamais mis le doigt dans ton petit conin ?

Je l’interrompis pour lui demander ce qu’elle entendait par ce mot.

— Eh ! c’est cette fente, me répondit-elle, où nous venons de nous chatouiller. Quoi ! tu ne savais pas encore cela ? Ah ! Suzon, à ton âge, j’en savais plus que toi.

— Vraiment, lui répondis-je, je n’avais garde de goûter ce plaisir. Vous connaissez le Père Jérôme, notre confesseur : c’est lui qui m’en a toujours empêchée. Il me fait trembler quand je vais à confesse ; il ne manque pas de me demander exactement si je ne fais pas d’impuretés avec mes compagnes, et il me défend surtout d’en faire sur moi-même. J’ai toujours eu la simplicité de l’en croire ; mais je sais à présent à quoi m’en tenir sur ses défenses.

— Et comment, me dit Monique, t’explique-t-il ces impuretés qu’il te défend de faire sur toi-même ?

— Mais, lui répondis-je, il me dit, par exemple, que c’est quand on se met le doigt où vous savez, quand on se regarde les cuisses, la gorge ; il me demande si je ne me sers pas de miroir pour m’examiner autre chose que le visage ? Il me fait mille questions semblables.

— Ah ! le vieux coquin ! s’écria Monique ; je gage qu’il ne cesse de t’entretenir de cela.

— Vous me faites, dis-je à la Sœur, prendre garde à certaines actions qu’il fait pendant que je suis dans le confessionnal et que j’ai toujours prises sottement pour de pures marques d’amitié. Le vieux scélérat ! J’en connais à présent le motif.

— Eh ! quelles actions donc ? me demanda vivement la Sœur.