Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/39

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passe-port qui séduit le vulgaire, yeux grands, nez aquilin, bouche petite, front haut, visage ovale, menton rond. — Pour se faire aimer par ambassadeur, comme les princesses, madame Poirceau aurait pu envoyer son signalement, mais pas son portrait.

N’importe ; c’est ce qu’on appelle une belle femme, une poupée parfaite, à ressorts invisibles, une figure de cire, impassible, invulnérable, jamais défrisée, jamais déshabillée ; — toujours parée, serrée, pincée, corsée, — pas un cheveu qui voltige, pas un ruban qui folâtre — madame Poirceau ne s’assied jamais que sur une chaise ; elle semble parée dans sa robe de chambre, cuirassée dans sa douillette, armée dans sa robe de bal. Elle suit toutes les modes — avec goût, avec plaisir ? — non, mais avec conscience. Son coiffeur est le premier coiffeur de Paris, Charpentier, je crois, et quelle que soit la coiffure qu’il a plu à Charpentier de lui faire, elle la respecte, elle se garderait bien d’y toucher. Cette coiffure lui est désavantageuse ? — qu’importe ! cela ne la regarde pas ; cette guirlande est lourde ? —