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Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/40

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qu’importe ! elle n’en est pas responsable ; une épingle lui entre dans la peau ? — qu’importe ! elle y reste, l’ôter dérangerait la coiffure.

Même respect pour la couturière. Je vous l’ai dit, madame Poirceau suit les lois de la mode aveuglément, les lois du monde scrupuleusement, les lois de la nature raisonnablement. Elle est sévère, mais point méchante ; elle ne sourit que les jours où elle donne un bal ; elle dit d’un air pédant que les femmes ne doivent point s’occuper de littérature ; elle parle ménage comme un professeur ; elle a l’esprit lent, et regarde comme un mot inconvenant toute plaisanterie qu’elle ne comprend pas. Sa présence jette un grand froid partout où elle vient ; son arrivée fait l’effet d’une porte qu’on ouvre dans une loge au spectacle. Quand elle doit passer la soirée chez une amie, cette amie en prévient ses habitués ; ils ne viennent pas ce soir-là. Les hommes la craignent comme l’ennui, les femmes l’appellent la belle madame Poirceau. Elle fait valoir les plus laides ; pourtant on l’invite rarement, non qu’elle soit importune ; elle ne