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Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/71

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les mains de M. Phrangopoulo un certificat par lequel il informait la postérité la plus reculée, dans le but de servir à tout ce que de raison, que M. Phrangopoulo était l’homme le plus honorable qu’il eût jamais rencontré, et l’avait nourri lui et son équipage pendant son séjour forcé dans l’île, générosité d’autant plus méritoire, ajoutait le reconnaissant capitaine, que ce digne consul lui avait paru vivre dans un état voisin de la misère.

Sans être trop optimiste, on peut croire que beaucoup de bonnes actions ont leur récompense dès ce bas monde. M. Phrangopoulo, du moins, obtint la sienne en ce sens que le séjour du capitaine Gansemann fit époque dans son existence. Comme celui-ci ne parlait qu’allemand, il ne communiqua pas beaucoup d’idées nouvelles à son hôte ; mais il resta le héros de l’événement capital dans les fastes de la maison consulaire, et l’esprit du vieux gentilhomme travailla sur ce thème de manière à en faire une sorte de conte des Mille et une Nuits. Il estimait d’autant plus son certificat qu’il n’avait jamais trouvé occasion de le faire traduire, et ne se doutait pas plus de ce qu’il disait que si