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Page:Goncourt - Journal, t4, 1892.djvu/273

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l’autre parti, on passe par des alternatives terribles de crainte ou d’espérance, avec tout ce qui s’annonce, tout ce qui se dit, tout ce qui s’imprime, tout ce qui ment.

Vers les cinq heures du soir, est arrivée, ventre à terre, une estafette, qui, dit-on, a donné l’ordre de basculer les pièces sur les remparts. En même temps débouchait, à la porte d’Auteuil, un renfort de trois cents hommes.

La conciliation entre Versailles et la Commune, une conception de benêt !

Mardi 11 avril. — Un garde national de Passy, que je rencontre sur le haut de l’omnibus, se met à causer avec moi : « J’y ai été de confiance, me dit-il, mais je m’en vais… Il n’y a pas d’ordre… Les officiers sont si chose… Enfin, à voir ça, on se demande s’il n’y a pas des gens payés pour un micmac… J’en suis parce que je n’ai pas de travail… que c’est trente sous… que je ne peux pas me mettre voleur… Mais si je trouvais à m’employer à n’importe quoi, à traîner la charrue… je ne serais plus de la nationale. »

Depuis la Madeleine jusqu’à l’Opéra, le boulevard est vide. On semble s’être recaché, et c’est pitié de voir dans quelle triste solitude boivent leur bock les filles qui font le quart, dans les cafés, près de l’Opéra.

Il semble planer sur Paris de mauvaises nouvelles. Les journaux annoncent un échec des Versaillais à