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Page:Goncourt - Journal, t4, 1892.djvu/379

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lard, nous n’avons pas eu de viande, et avons été nourris seulement de pois et de haricots, ce qui, par parenthèse, vous procurait des inflammations buccales bien désagréables. »

« Par exemple, au bout de trois mois, la première fois qu’on est monté là-haut, et qu’on a respiré de l’air vrai, on est monté à quatre pattes, et l’on étouffait, comme si tu te trouvais en ballon, à 6 000 pieds, au-dessus de la terre. »

« Il existait toutes sortes de sociétés : la société des grinches avec la Volige, le garçon le plus facétieux de la terre ; la société des maquereaux, présidée par Victor, l’imagination la plus cocasse. Il avait inventé un jeu de main chaude des plus spirituels, et dans le jeu de Monsieur le Président, il y mettait quelque chose tenant de l’improvisation des pièces italiennes, et de ce que j’ai lu dans un de tes livres sur Nicholson. Il était épatant d’invention… Moi, je faisais partie d’une société honnête, qui habitait la rue Tribordaise, et qui avait son plat, — tu sais le baquet dans lequel nous mangions : — Cailleboutis de l’Avent. »

« Il faut te dire que, lorsque j’avais été amené à l’Orangerie de Versailles, j’avais huit sous sur moi. On me les avait pris. Ça fait que je me trouvais absolument sans un patard. Alors, ô fortune, Signeux m’envoya dix francs en timbres-poste, parce qu’on ne nous laissait pas d’argent ! Oh ! la première tablette de chocolat que j’ai pu acheter, que cela m’a paru bon !… Mais qu’est ceci à côté de cela ! Avec