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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/101

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LA MÈRE DU TRAÎTRE

comme un cadeau précieux fait par elle à la patrie, comme une force bienfaisante, engendrée par elle pour secourir les habitants de la cité, du nid où elle était née elle-même, où elle l’avait mis au monde et nourri. D’innombrables liens indestructibles unissaient son cœur aux pierres antiques, dont ses ancêtres avaient bâti les maisons et édifié les murs de la ville, à la terre où reposaient les os des membres de sa famille, aux légendes, aux chansons et aux espoirs des siens. Ce cœur saignait d’avoir perdu l’être qui lui était le plus proche ; cependant Marianna n’aurait su dire lequel l’emportait en elle, de l’amour maternel ou de l’amour de la patrie.

C’est ainsi que Monna Marianna se promenait nuitamment dans les rues ; bien des gens s’effrayaient, qui prenaient sa noire silhouette pour la personnification de la mort, proche pour tous ; quand ils la reconnaissaient, ils s’écartaient, sans parler, de la mère du traître.

Or, une nuit, dans un coin solitaire, près du mur de la ville, elle aperçut une femme ;