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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/106

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CONTES D’ITALIE

apparut, tel elle l’avait vu maintes fois en rêve.

— Mère ! s’écria-t-il, en lui baisant les mains. Tu es venue à moi ; tu m’as compris ; je prendrai cette ville maudite demain !

— Cette ville où tu es né ! lui rappela-t-elle.

Enivré par ses exploits, ambitieux d’une gloire plus grande, il parla avec l’ardeur insolente de la jeunesse :

— Je suis né dans le monde et pour le monde, afin de le frapper d’étonnement ! Si j’ai fait grâce à cette ville, c’est à cause de toi ; elle m’empêche de voler à la gloire aussi vite que je le voudrais. Mais puisque tu l’as quittée, je détruirai dès demain ce repaire de rebelles !…

—…Où chaque caillou te connaît depuis ta plus tendre enfance, soupira-t-elle.

— Les pierres sont muettes, si l’homme ne les oblige pas à parler. Que les montagnes se mettent à parler de moi, tel est mon désir !

— Mais — les hommes ! demanda-t-elle.