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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/107

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LA MÈRE DU TRAÎTRE

— Mère, je ne les oublie pas. J’ai besoin d’eux aussi, car c’est seulement dans la mémoire des hommes que les héros sont immortels.

Elle dit :

— Le héros, c’est celui qui crée de la vie en dépit de la mort, c’est celui qui vainc la mort.

— Non ! répliqua-t-il. Celui qui anéantit une ville est aussi glorieux que celui qui l’a bâtie. Nous ignorons si c’est Enée ou Romulus qui a fondé Rome, mais nous savons avec certitude que c’est Alaric et ses soldats qui l’ont détruite.

Ils s’entretinrent ainsi jusqu’au coucher du soleil. Marianna interrompait avec une brusquerie toujours croissante les discours insensés de son fils et sa tête hautaine s’inclinait toujours davantage.

La mère crée, puis protège ; parler devant elle de destruction, c’est parler contre son œuvre. Le fils l’ignorait.