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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/108

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CONTES D’ITALIE

La mère est toujours l’adversaire de la mort, et la main qui tue dans la demeure des hommes est haïe de toutes les mères. Le fils ne le voyait pas, car il était aveuglé par le froid éclat de la gloire qui corrompt les cœurs.

Et il ne savait pas que la mère est un fauve rusé et impitoyable autant qu’intrépide, quand il s’agit de la Vie qu’elle a la mission sur terre de perpétuer et de secourir.

Marianna était assise, le dos voûté ; par la portière relevée de la somptueuse tente, elle pouvait voir la ville où elle avait éprouvé pour la première fois le doux émoi de la conception et les douloureuses convulsions de l’enfantement de celui qui voulait maintenant faire œuvre néfaste.

Les rayons écarlates du soleil inondaient de sang les murailles et les tours de la cité. Les vitres des fenêtres étincelaient d’un reflet menaçant. La ville tout entière semblait blessée, et la sève pourpre de la vie s’écoulait par mille plaies ; le temps passa ; la cité devint noire comme un cadavre ; pa-