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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/109

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LA MÈRE DU TRAÎTRE

reilles à des cierges funéraires, les étoiles s’allumèrent au-dessus d’elle.

La mère voyait là-bas les maisons obscures où l’on craignait de faire de la lumière, pour ne pas attirer l’attention des ennemis ; elle voyait les rues ténébreuses qu’emplissaient l’odeur des cadavres et le chuchotement étouffé des gens qui attendaient la mort. Elle voyait chaque chose et tout le monde ; ce décor familier et cher était là, tout près d’elle, dans l’attente silencieuse de la décision qu’elle prendrait. Elle se sentait la mère de tous les habitants de la cité.

Du haut des noirs sommets de la montagne, les nuages descendaient dans la plaine, pareils à des chevaux ailés se ruant sur la ville vouée à la mort.

— Peut-être l’attaquerons-nous déjà cette nuit, s’il fait suffisamment sombre ! dit le fils. Il est incommode de massacrer quand le soleil éblouit et que les reflets des armes vous aveuglent. On porte souvent des coups à faux.

La mère demanda :