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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/116

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CONTES D’ITALIE

au monde infirme ; voilà pourquoi elle le cachait, voilà ce qui l’accablait.

Alors les voisins compatissants lui dirent qu’ils comprenaient quelle honte c’était pour une femme d’être la mère d’un infirme ; personne, sauf la Madone, ne savait si cette cruelle épreuve était une juste punition ; quoi qu’il en soit, l’enfant n’était coupable en rien, et elle avait tort de le priver de soleil.

Elle écouta les gens et leur montra son fils : il avait des jambes et des bras courts comme des nageoires de poisson ; une tête boursouflée en forme de grosse boule, qui avait peine à se dresser sur le cou mince et frêle ; le visage était tout sillonné de rides, comme celui d’un vieillard ; les yeux étaient troubles, et la bouche se fendait en un sourire inerte.

Les femmes pleurèrent en le regardant, les hommes s’en allèrent, maussades, avec une grimace de mépris. La mère du monstre s’était assise à terre ; tantôt elle baissait la tête, tantôt elle la relevait, et regardait tout