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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/118

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CONTES D’ITALIE

sa tête pesante ; le blanc terne de ses yeux se couvrait d’un rouge réseau de veinules sanglantes.

Il mangeait beaucoup, et toujours davantage. Son mugissement devenait continu. La mère travaillait sans prendre de repos, mais son gain était bien maigre ; parfois même elle n’en avait pas du tout. Elle ne se plaignait pas, et acceptait à contre-cœur et toujours en silence, le secours de ses voisins. Pendant son absence, les gens, énervés par le mugissement de l’infirme, s’empressaient de fourrer dans l’insatiable bouche des croûtes de pain, des fruits, des légumes, de tout ce qu’on peut manger.

— Il t’aura bientôt toute dévorée ! disait-on à la mère. Pourquoi ne le mets-tu pas dans un asile ?

Elle répondait d’un air sombre :

— Ne me parlez pas de cela ! Je suis sa mère ! C’est moi qui l’ai mis au monde ; c’est moi qui dois le nourrir !

Elle était belle, et plus d’un homme rechercha son amour, mais elle les écon-