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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/123

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LA MÈRE DU MONSTRE

— Ce serait affreux si des étrangers le voyaient, que penseraient-ils de nous ?

On lui répliqua :

— Le malheur existe dans tous les pays ; personne ne l’ignore.

Elle hocha la tête négativement.

Or il advint que des étrangers qui rôdaient dans le village, en jetant des coups d’œil dans toutes les cours, aperçurent le monstre enfoui dans sa caisse. La mère fut témoin de leurs grimaces de dégoût, et les entendit parler avec répugnance de son fils. Mais elle fut surtout frappée par quelques mots prononcés avec mépris, avec animosité, avec un air de triomphe manifeste.

Elle retint ces sons, se répéta bien souvent ces paroles étrangères où son cœur d’Italienne et de mère devinait une signification insultante. Le même jour elle alla chez un portefaix de sa connaissance et lui demanda le sens des mots qu’elle avait entendus.

— Reste à savoir qui les a prononcés, répondit-il en fronçant le sourcil. Cela signifie : « L’Italie meurt avant toutes les autres