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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/154

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CONTES D’ITALIE

le posséda tout entier ; pendant des journées entières, assis par terre, dans sa chambre, il élevait en silence de hautes tours qui tombaient avec fracas. Il les reconstruisait aussitôt et ce travail lui devint si indispensable que même à table, pendant le dîner, il essayait d’édifier quelque chose avec les fourchettes et les ronds de serviette. Ses yeux avaient pris une expression plus profonde et plus concentrée ; ses mains s’étaient animées et se mouvaient sans cesse, tâtant tous les objets dont elles pouvaient se servir.

Maintenant, quand il se promenait en ville, il était capable de rester des heures devant une maison en construction, à regarder comment, grâce à de menues choses, s’en développait une plus grande qui s’élevait vers le ciel ; ses narines frémissantes aspiraient la poussière des briques et l’odeur de la chaux bouillonnante ; et ses yeux se couvraient d’un voile de méditation attentive.

— Tu deviendras architecte, n’est-ce pas ? lui suggérait alors sa sœur.