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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/155

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LE BOSSU

— Oui, répondait-il docilement.

Un soir, après le dîner, comme on attendait le café au salon, le père déclara qu’il était temps d’abandonner les jouets et de se mettre sérieusement à l’étude. Mais la sœur demanda, du ton de quelqu’un dont on reconnaît l’intelligence et avec qui l’on doit compter :

— J’espère, papa, que vous ne pensez pas le placer dans un établissement scolaire ?

Le père, un homme imberbe, grand, paré d’une quantité de gemmes étincelantes, répliqua en allumant un cigare :

— Pourquoi pas ?

— Vous savez bien pourquoi.

Comme il était question de lui, le bossu s’éloigna sans bruit ; il marchait lentement, en sorte qu’il put entendre sa sœur s’écrier :

— Mais tout le monde se moquerait de lui !

— C’est certain ! renchérit la mère.

— Il faut cacher des êtres comme lui ! reprit la sœur avec feu.