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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/165

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LE BOSSU

l’échafaudage, ils tombèrent tous deux ; le fiancé chût à terre, dans une fosse à chaux, tandis que le frère, dont les habits s’accrochèrent aux bois de la charpente, resta suspendu en l’air et fut secouru par les maçons. Il s’était seulement foulé un pied et un bras et contusionné le visage ; le fiancé avait la colonne vertébrale brisée et le flanc ouvert.

La sœur se débattait dans une crise nerveuse, ses doigts égratignaient la terre et soulevaient une poussière blanche. Elle pleura longtemps, plus d’un mois ; puis, elle commença à ressembler à sa mère : elle maigrit, s’allongea et se mit à parler d’une voix froide et sans timbre.

— Tu es mon malheur ! déclarait-elle parfois à son frère.

Il ne répliquait pas et baissait ses grands yeux. La sœur se vêtit de noir ; ses sourcils formèrent une ligne droite ; quand elle voyait son frère, elle serrait les dents avec une telle force que ses pommettes saillaient en angles aigus. Le bossu tâchait de l’éviter et dessi-