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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/166

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CONTES D’ITALIE

nait sans cesse des projets, dans la solitude et le silence. Il vécut ainsi jusqu’à sa majorité ; et dès ce jour-là commença entre eux la lutte à laquelle ils vouèrent toute leur existence : la lutte qui les enchaîna par les solides maillons des outrages et des insultes réciproques.

Le jour de sa majorité, le bossu dit à sa sœur, d’un ton péremptoire :

— Il n’y a ni sages magiciens, ni bonnes fées, il y a seulement des êtres humains ; les uns sont méchants, les autres bêtes et tout ce qu’on dit du bien n’est qu’un conte. Moi, je veux que ce conte devienne une réalité. Rappelle-toi, tu m’as dit que dans une maison riche, tout doit être beau ou intelligent. Dans une ville riche, tout aussi doit être beau. Je vais acheter du terrain en dehors de la ville et j’y construirai une maison pour moi et pour les monstres qui me ressemblent. Je les ferai sortir de cette cité où il leur est trop pénible de vivre et où