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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/167

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LE BOSSU

leur vue est désagréable à ceux qui te ressemblent…

— Non, dit-elle, tu ne feras certainement pas cela. C’est un projet insensé.

— C’est mon projet…

Ils le discutèrent sans emportement, avec une froideur haineuse.

— Je suis résolu, déclara-t-il enfin.

— Et moi, je ne veux pas ! répondit-elle.

Il haussa sa bosse et sortit. À quelque temps de là, la sœur apprit que le terrain était acheté, et que des terrassiers avaient même commencé les fondations ; on amenait des briques par dizaines de mille, ainsi que des pierres, du bois et du fer.

— Tu te sens toujours petit garçon ? demanda-t-elle. Tu t’imagines que c’est un jeu ?

Il gardait le silence.

Une fois par semaine, la sœur s’en allait hors de ville, dans une petite voiture attelée d’un cheval blanc qu’elle conduisait elle-même. En passant devant le chantier, elle regardait la chair rouge des briques qui