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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/174

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CONTES D’ITALIE

flamboyant ; sur le fond rouge, les masses anguleuses d’immenses édifices se dessinent d’une manière effrayante ; çà et là, des vitres brillent comme des blessures profondes ; la ville torturée et anéantie, théâtre d’une incessante lutte pour le bonheur, perd son sang brûlant qui exhale une fumée jaunâtre et étouffante.

Dans le crépuscule des champs, l’enfant suit le large ruban gris de la route. Droite comme une épée, dirigée avec fermeté par une main invisible et puissante, elle perce le flanc de la ville. Sur ses bords, les arbres ressemblent à des torches non allumées ; leurs grands squelettes noirs sont immobiles au-dessus de la terre silencieuse, dans l’attente d’on ne sait quoi.

Le ciel est couvert de nuages ; on ne distingue point d’étoiles et il n’y a pas d’ombres ; la soirée est paisible et triste ; les pas lents et légers de l’enfant s’entendent à peine dans le silence crépusculaire et las des champs qui s’endorment.

Et la nuit taciturne suit le petit garçon,