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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/179

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LES ADVERSAIRES

Des enfants, les hérauts du printemps, apparaissent ; le soleil colore leurs vêtements de teintes éclatantes ; des femmes en robes de nuances vives marchent en se balançant ; elles sont aussi nécessaires par les jours de soleil que les étoiles la nuit.

L’homme en costume clair a un air bizarre : il semble qu’il a été très sale et qu’on vient seulement de le laver, mais avec un tel zèle, qu’on lui a enlevé pour jamais tout relief. Il examine les alentours avec des yeux éteints ; on dirait qu’il compte les taches de soleil sur les murailles des maisons et sur tout ce qui se meut le long de la route noire, sur les larges dalles du boulevard. Ses lèvres flétries sont allongées et il sifflote tout bas un motif bizarre et mélancolique ; les longs doigts de sa main blanche tambourinent sur le bord de la table ; ses ongles brillent d’un éclat terne ; avec le gant jaune qu’il tient dans son autre main, il bat la mesure sur son genou. Il a un air intelligent et résolu ; il est fâcheux que son visage soit gâté par quelque chose de grossier, de lourd.