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LES ADVERSAIRES

locuteur rit d’un rire franc et ouvert, et entre deux éclats de gaieté, il ajouta :

— Sans doute ! parole d’honneur, j’aimerais tant savoir…

Un ânon noir et blanc tout hérissé, attelé à un petit char de combustible, s’arrêta, tendit le cou et se mit à braire lugubrement, mais sa voix ne lui plut sans doute pas ce jour-là, car il interrompit son cri sur une note aiguë, secoua ses oreilles velues et s’en alla au galop, la tête baissée, en faisant claquer ses sabots.

— J’attends votre machine avec autant d’impatience que j’attendrais un livre nouveau qui devrait me rendre plus intelligent.

L’ingénieur répondit en avalant son café par petites gorgées :

— Je ne comprends pas bien votre comparaison…

— Ne pensez-vous pas que la machine affranchit l’énergie physique de l’homme, comme un bon livre libère son esprit ?