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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/211

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L’INVINCIBLE ENNEMI

— Mademoiselle, vous êtes constamment en contradiction avec moi, dit-il ; ne trouvez-vous pas que, dans l’intérêt de la cause, il vaudrait mieux que nous fissions plus ample connaissance ?

Elle acquiesça volontiers et dès les premiers mots, leur antagonisme s’accentua : la jeune fille défendait avec fougue l’église, comme étant le seul lieu où l’être humain trouve le repos de l’âme, où, aux yeux de la bonne Madone, tous sont égaux et également dignes de pitié, quelle que soit leur position sociale. L’ouvrier répliquait que ce n’est pas le repos qu’il faut à l’humanité, mais le combat, que l’égalité civique est impossible sans l’égalité des biens matériels et que derrière la Vierge se dissimulait un homme à qui le malheur et la bêtise humaine étaient profitables.

Dès lors, ces disputes remplirent toute leur vie, chacune de leurs rencontres était la continuation d’une seule et même conversation passionnée et sans fin.

Chaque jour, se manifestait davantage l’irréductibilité fatale de leurs convictions.