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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/212

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CONTES D’ITALIE

Aux yeux du jeune homme, la vie était la lutte pour l’élargissement du savoir, la lutte pour arriver à la soumission des énergies mystérieuses de la volonté humaine ; tout le monde devait être également armé pour cette lutte à l’issue de laquelle nous attendent la liberté et le triomphe de la raison. Pour la jeune fille, la vie était le long et douloureux sacrifice de soi-même que l’homme faisait à l’inconnu, la soumission de la raison à ces lois, à cette volonté et à ces buts que le prêtre est seul à connaître.

Consterné, il demandait :

— Mais alors, pourquoi venez-vous à nos séances ? qu’attendez-vous du socialisme ?

— Oui, je sais que je me contredis et que je commets un péché ! avouait-elle tristement. Mais il est si bon de vous entendre et de rêver à la possibilité du bonheur universel.

Elle n’était pas très belle, mais elle avait une petite figure intelligente et de grands yeux dont le regard pouvait être doux et courroucé, caressant et sévère. Ouvrière