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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/213

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L’INVINCIBLE ENNEMI

dans une fabrique de soie, elle vivait avec sa vieille mère, son père amputé des deux jambes et une sœur cadette, élève de l’école professionnelle. Parfois, elle était gaie, d’une gaieté peu bruyante, mais pleine de charme. Elle aimait les musées et les vieilles églises ; elle était enthousiasmée par les tableaux, par la beauté des monuments, et elle répétait souvent en les admirant :

— Qu’il est étrange de penser que ces merveilles étaient auparavant cachées dans les maisons privées et qu’une seule personne avait le droit d’en jouir ! Le beau doit être vu par tous ; c’est alors seulement qu’il vit !

Elle parlait souvent d’une manière aussi bizarre ; et il semblait toujours au peintre que ces paroles sortaient du cœur de la jeune fille par une fissure qu’il ne découvrait pas. Elles lui rappelaient le gémissement d’un blessé. Il sentait que la jeune ouvrière aimait la vie et les êtres humains d’un amour maternel, profond, plein d’angoisse et de compassion. Il attendait patiemment que sa foi se