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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/214

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CONTES D’ITALIE

communiquât à l’âme de la jeune fille, que l’amour paisible se transformât en passion. Il lui semblait qu’elle l’écoutait avec une attention croissante et que, de cœur, elle était déjà d’accord avec lui. Et il lui parlait toujours avec plus d’ardeur de la nécessité de lutter sans cesse et activement pour l’affranchissement de l’homme, du peuple, de l’humanité, chargée de chaînes antiques dont la rouille ronge les âmes, les assombrit et les empoisonne.

Une fois, en l’accompagnant chez elle, il lui dit qu’il l’aimait, qu’il la voulait pour femme. Mais il fut effrayé de l’impression que ces paroles produisirent sur elle. Elle chancela, comme s’il l’eût frappée ; elle ouvrit les yeux tout grands, pâlit et, s’appuyant contre un mur, les mains cachées derrière le dos, elle le regarda en face et lui dit avec une sorte de terreur :

— J’ai deviné qu’il en était ainsi ; je le sentais presque, car il y a longtemps que je