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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/225

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RÊVE DE BONHEUR

à des fleurs, et puis, tu sais, une petite bouche, un peu entr’ouverte…

— C’est la bouche d’une femme honnête, qui n’aime qu’une fois dans sa vie.

— C’est ce qui m’a semblé aussi.

Le vieux retira sa ligne de l’eau, examina en clignant de l’œil l’hameçon nu, et grommela avec un petit rire :

— Le poisson n’est pas plus bête que nous, certes…

— Qui est-ce qui pêche au milieu du jour ? demanda le jeune homme, en s’accroupissant sur le sol.

— Moi, répondit l’autre, en remettant une amorce.

Puis, lançant son engin très loin dans la mer, il reprit :

— Et vous vous êtes promenés en bateau toute la nuit, dis-tu ?

— Le jour se levait déjà quand nous avons débarqué, répondit le jeune homme, et il poussa un profond soupir.

— Vingt lires ?

— Oui.