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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/227

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RÊVE DE BONHEUR

vire glisse sans bruit, pareil à l’ombre d’un nuage.

— Pour la Sicile ! annonce le vieux en le désignant d’un hochement de tête.

Il tira de sa poche un long cigare noir et tortu qu’il partagea en deux, et tout en offrant par-dessus l’épaule une moitié au jeune homme, il reprit :

— À quoi pensais-tu, pendant que tu étais avec elle ?

— L’homme pense toujours au bonheur…

— C’est pourquoi il est toujours bête, expliqua tranquillement le vieillard.

Les deux pêcheurs allumèrent leur cigare. Les volutes bleuâtres de la fumée s’élevèrent au-dessus des pierres, dans l’air calme, imprégné de la plantureuse odeur de la terre fertile et de l’eau caressante.

— Je lui ai chanté des chansons et elle a souri.

— Ah !

— Mais, tu le sais, je chante mal.

— C’est vrai.