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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/244

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CONTES D’ITALIE

La lugubre musique frappe, en éveillant mille échos, les fenêtres des maisons ; les vitres tremblent ; les gens parlent à mi-voix ; mais tous les bruits sont couverts par le sourd piétinement de milliers de pieds sur les dalles de la chaussée. Les pierres sont solides sous les pas et pourtant le sol semble mouvant ; on est à l’étroit ; une violente odeur humaine se répand, et involontairement, on regarde en l’air, où les étoiles brillent sans éclat dans un ciel nuageux.

Mais voici qu’au loin, sur une haute muraille, sur les noirs rectangles des fenêtres, le reflet d’une clarté rouge s’est montré ; il a flamboyé et disparu pour renaître de nouveau, et un chuchotement étouffé a passé dans la foule, comme un souffle printanier dans la forêt.

— Ils viennent… ils viennent…

Au loin, un autre bruit est né qui va croissant. La femme au manteau noir accélère sa marche, et la foule la suit avec plus d’animation ; la musique elle-même a perdu la mesure pendant quelques instants : les