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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/245

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VEILLES DE FÊTES

instruments détonnent et s’embrouillent, et la flûte trop pressée a eu un sifflement aigu, très drôle, qui a fait naître des rires assourdis.

Aussitôt, avec une rapidité fantastique et inattendue, une éclaircie se fit dans la foule et à la clarté des torches et des feux de Bengale apparurent deux personnages ; l’un était vêtu de longs habits blancs : c’était la figure blonde et bien connue du Christ ; l’autre, en tunique bleue, était Jean, le disciple favori du Maître ; ils étaient entourés de comparses obscurs qui portaient des flambeaux ; sur leurs visages de Méridionaux se dessinait le sourire de l’immense joie qu’ils avaient eux-mêmes appelée à la vie et dont ils étaient fiers.

Le Christ était joyeux, lui aussi ; d’une main il tenait l’instrument de son supplice, tout orné de fleurs, de l’autre il gesticulait avec ardeur ; il disait quelque chose ; Jean riait, sa tête bouclée rejetée en arrière, jeune, imberbe et beau, tel Dionysos.

La foule se répandit sur la place en un