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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/265

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LA CONVERSION

— Oui, hier, sur le toit de l’hôtel Como.

Et il se mit à déclamer d’une voix basse et chantante :


Sur la rive déserte, sur les vieilles pierres grises,
Le soleil automnal tombe tendrement et dit adieu.
Les flots avides se jettent sur les rochers sombres,
Effacent le soleil et remportent dans la mer froide et bleue.
Les feuilles cuivrées, que le vent d’automne arrache aux arbres
Sont comme des oiseaux bariolés et morts, dans l’écume du brisant.
Le ciel pâle est triste ; la mer tumultueuse est morne.
Le soleil seul rit, en s’abaissant doucement vers le couchant.


Longtemps, les deux amis gardent le silence ; tête baissée, le peintre fixe le sol ; le serrurier sourit et finit par déclarer :

— On peut dire de belles paroles sur n’importe quel sujet ; le mieux, vois-tu, c’est de parler des braves gens, c’est de chanter les braves gens !