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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/270

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CONTES D’ITALIE

pas avec nous. » Il se trompait, le vieillard, la Madone a été avec tous ceux qui l’aimaient. Par la suite, le père en est arrivé à croire presque tout ce que je vous dis là, parce qu’il s’est senti plus fort, plus haut que la montagne ; mais il fut un temps où, les jours de fête, attablé devant une bouteille de vin, il nous sermonnait, les autres et moi :

— « Enfants de Dieu ! s’écriait-il, — c’était là son expression favorite, car mon père avait le cœur religieux et bon, — enfants de Dieu ! croyez-moi, il ne faut pas lutter avec la terre de cette manière-là ; elle se vengera de ses blessures tôt ou tard, et la victoire lui restera ! Vous le verrez : nous vrillerons la montagne jusqu’à ce que nous arrivions à son cœur et, quand nous l’aurons atteint, il nous consumera, il lancera des flammes sur nous, car le cœur de la terre est de feu, tout le monde le sait ! Ce qu’il faut, c’est cultiver le sol, lui aider à porter des fruits ; c’est ce qui nous a été enseigné ; tandis que nous, nous mutilons sa face et ses formes. Vous le