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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/271

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LA MONTAGNE VAINCUE

voyez, plus nous pénétrons dans la montagne, plus l’air devient chaud et la respiration difficile… »

L’homme se met à rire doucement en effilant ses longues moustaches :

— Il n’était pas le seul de son avis ; c’était vrai, plus nous avancions dans le tunnel, plus la chaleur augmentait et plus le nombre des malades et des morts était grand. Et les sources chaudes coulaient avec une force toujours croissante, les roches s’éboulaient ; deux de nos camarades, des hommes de Lugano, perdirent la raison. La nuit, dans notre caserne, certains d’entre eux, travaillés par le cauchemar, gémissaient et sautaient brusquement à bas de leur lit, dans une espèce d’épouvante…

— « N’avais-je pas raison ? disait mon père, en roulant des yeux effrayés, et en toussant péniblement et longuement. N’avais-je pas raison ? C’est invincible, la terre !… »

Bientôt, il se coucha pour ne plus se relever. Il était robuste, mon vieux ; il lutta contre la mort pendant plus de trois se-