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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/282

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CONTES D’ITALIE

— Et tout est si sale, si sale ! Et les habitants ressemblent tous à des Juifs !

Sans arrêt, avalant la moitié des mots, le roux parle à l’oreille de l’homme aux favoris, comme s’il répondait à un professeur et s’enorgueillît de savoir si bien sa leçon. La curiosité de son auditeur est évidemment chatouillée ; il hoche un peu la tête tantôt d’un côté, tantôt de l’autre ; sur son visage plat, sa bouche bée comme une fente dans une planche. Parfois, il a envie de répliquer ; il commence d’une voix bizarre, assourdie :

— Dans mon gouvernement…

Et sans continuer, il prête de nouveau une oreille attentive aux propos de l’homme roux.

Le gros soupire profondément en disant :

— Quelle crécelle tu es, Yvan !

— Eh bien, donnez-moi du café.

Il se rapproche lourdement de la table et son interlocuteur déclare d’un ton convaincu :

— Yvan a des idées…