Aller au contenu

Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/284

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
285
CONTES D’ITALIE

Les Russes se turent et l’examinèrent en dessous ; Yvan annonça à mi-voix :

— Un militaire en retraite, ça se voit immédiatement…

Le nouveau venu, sentant qu’on l’observait, retira son cigare de la bouche et salua les Russes avec politesse. L’aînée des deux femmes redressa la tête, porta son face-à-main à ses yeux et toisa l’homme d’un air insolent ; Yvan, embarrassé on ne sait pourquoi, se détourna vivement, tira sa montre de son gousset et recommença à la balancer. Seul, le gros rendit le salut, en appuyant le menton sur sa poitrine. L’Italien perdit contenance, replaça fébrilement son cigare au coin de sa bouche, et demanda à mi-voix au plus vieux des sommeliers :

— Des Russes ?

— Oui, Monsieur. Un gouverneur russe avec sa famille…

— Comme ils ont toujours de bons visages…

— C’est un excellent peuple…

— Les meilleurs de tous les Slaves, certainement.