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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/305

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NUNCIA

— Tiens, cette petite Nina, c’est le portrait vivant de sa mère !

Et c’était clair, comme une journée de mai : la fille de Nuncia — personne ne s’en était aperçu jusqu’alors — rayonnait, aussi belle, aussi séduisante que sa mère. Elle n’avait que quatorze ans ; mais, grande, les cheveux magnifiques, les yeux fiers, on lui eût donné deux ou trois ans de plus et c’était déjà une vraie femme. Nuncia, elle-même, la regardant bien attentivement, en fut comme bouleversée :

— Sainte Marie ! Est-il possible ! Vas-tu être plus belle que moi, Nina ?

La jeune fille répondit, en souriant :

— Non, mère, pas plus belle, mais aussi belle que toi. Cela me suffit.

Et alors, une ombre de tristesse voila le visage de Nuncia, et le soir elle dit à ses amis :

— Voilà notre vie. À peine a-t-on eu le temps de boire la moitié de la coupe, qu’une autre main veut déjà la saisir.

Certes, au début, aucune rivalité n’exis-