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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/306

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CONTES D’ITALIE

tait entre Nuncia et Nina. La fille gardait toujours une attitude modeste et réservée, observant le monde à travers ses cils, gardant le silence en présence des hommes, tandis que les yeux de la mère brillaient de passion et que sa voix vibrante et chaude provoquait le désir. Les hommes, auprès d’elle, s’enflammaient comme les voiles des barques lorsque le soleil se lève. Et cette image n’a rien d’exagéré ; pour beaucoup d’entre eux, Nuncia avait été le premier rayon d’amour ; et quand, élancée comme un mât, elle passait dans la rue poussant sa baladeuse, égrenant les échos de sa voix par-delà les maisons, les hommes la contemplaient silencieusement, le cœur débordant de reconnaissance. Elle n’était pas moins ravissante au marché, devant son étalage de légumes aux couleurs vives ; pareille à une vierge peinte par un glorieux maître sur le fond blanc du mur d’un sanctuaire, elle se tenait près de l’église Saint-Jacques, à gauche du parvis. C’est à trois pas de là qu’elle mourut.