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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/48

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CONTES D’ITALIE

père et moi, contre la carène dont les flots nous éloignaient ensuite, presque aussitôt. Le pire était que nous avions le vertige ; nos yeux et nos oreilles se remplissaient d’eau et nous nous sentions devenir aveugles et sourds.

Cela dura longtemps, sept heures environ ; puis le vent eut une saute brusque ; il se précipita du côté du rivage et nous fûmes entraînés vers la terre. Alors je m’écriai joyeusement :

— Courage !

Le père cria aussi quelque chose, mais je ne compris qu’un seul mot :

— Brisés…

Il pensait aux rochers ; comme ceux-ci étaient encore loin je ne crus pas au péril. Mais mon père s’y connaissait mieux que moi. Nous voguions entre des montagnes d’eau, collés comme des limaces à notre gouvernail, contre lequel nous nous meurtrissions joliment ; nous sentions nos forces nous trahir, l’engourdissement nous gagner. Cela dura longtemps encore… Par contre,