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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/50

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CONTES D’ITALIE

seul, le visage était indemne ; il avait une expression de calme et les yeux étaient bien clos.

Moi aussi, j’étais passablement contusionné ; on me ramena sur le rivage. Nous avions été jetés sur le continent, près d’Amalfi, un lieu inconnu pour moi, habité par des pêcheurs ; ces aventures-là ne les étonnent pas, elles les rendent bons. Les gens qui mènent une vie semée de dangers sont toujours bons !

Je crois que je n’ai pas su vous dire de mon père tout ce que je sens et ce que je garde en mon cœur depuis cinquante et un ans ; il faudrait des paroles spéciales pour cela, un chant peut-être, mais nous, nous sommes des gens simples comme les poissons, et nous ne savons pas trouver les paroles belles et expressives qui conviennent. On sent et on sait toujours plus qu’on ne saurait dire.

L’essentiel pour moi en cette affaire, c’est que mon père, à l’heure de la mort, n’a pas eu peur ; il n’a pas oublié son fils et il a