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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/57

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LA VENDETTA

Arabes. Emilia savait ce qui l’attendait au retour de son mari.

Le lendemain, la belle-mère s’en alla dans la forêt ramasser du bois mort ; Emilia la suivit, une hache dissimulée sous sa jupe, et la tua. Puis elle alla se constituer prisonnière et fit l’aveu de son crime aux carabiniers.

— Mieux vaut être une criminelle que passer pour une femme éhontée, quand on est honnête, déclara-t-elle.

Son jugement fut son triomphe ; presque tous les habitants de Senerchia témoignèrent en sa faveur ; beaucoup dirent en pleurant aux juges :

— Elle est innocente, elle s’est perdue inutilement !

Seul, le vénérable archevêque Cozzi se décida à élever la voix contre la malheureuse ; il ne voulait pas croire en son innocence ; il parla de la nécessité de maintenir dans le peuple les vieilles traditions ; il exhorta le tribunal à ne pas tomber dans l’erreur, commise par les Grecs, qui acquit-