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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/68

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CONTES D’ITALIE

dérobée du séducteur de sa fille, qui était agenouillé, elle le frappa par deux fois à la tête, en formant sur le crâne du malheureux le cinq romain, ou la lettre V, qui signifie vendetta, vengeance.

Un tourbillon d’horreur souleva l’assistance. Avec des cris déchirants, tous se précipitèrent vers la porte ; beaucoup tombèrent sans connaissance sur les dalles ou pleurèrent comme des enfants ; la hache à la main, Sérafina demeura près du pauvre Donato et d’Emilia évanouie, comme la Némésis du village.

Elle resta ainsi pendant de longues minutes, et quand les gens, revenus à eux, s’emparèrent d’elle, elle se mit à prier à haute voix, levant au ciel ses yeux étincelants d’une joie féroce :

— Saint Michel, je te remercie ! C’est toi qui m’as donné la force nécessaire pour venger l’honneur outragé d’une femme, de ma fille !

Quand elle apprit que Guarnaccia était vivant, qu’on l’avait placé sur une chaise et