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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/83

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L’AMOUR MATERNEL

sous la coupole, au centre de la tente, se tenait, assis sur une estrade, l’invincible Timour-Leng lui-même, le roi des rois.

Il portait un ample vêtement de soie azurée, tout constellé de perles — il n’y en avait pas moins de cinq mille ! — Sur sa terrible tête grise, le rubis fixé à l’extrémité de sa coiffure blanche se balançait et étincelait, tel un œil sanglant regardant le monde.

Pareil à un large couteau, le visage du Boiteux semblait couvert de rouille, tant il était rongé par le sang dans lequel le roi s’était plongé des milliers de fois. Ses yeux petits et étroits, qui voyaient tout, brillaient d’un éclat semblable au froid reflet de la tzaramoute, la pierre favorite des Trabes, que les infidèles appellent émeraude et qui guérit du haut mal. Aux oreilles, le monarque portait des boucles de rubis de Ceylan, gemmes dont la couleur est pareille à celle des lèvres des belles filles.

À terre, sur des tapis comme il n’y en a plus, étaient disposés trois cents flacons dorés contenant les vins et les liqueurs du fes-