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Page:Gorki - Contes d Italie.djvu/99

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LA MÈRE DU TRAÎTRE

dérobant aux regards le camp ennemi, rampaient hors des crevasses des montagnes lointaines pour se diriger vers les murailles à demi détruites, et la lune se levait au-dessus des dentelures sombres des sommets, pareille à un bouclier égaré, bosselé par les coups de pesantes épées.

N’espérant plus aucun secours, épuisés par la fatigue et par la faim, les assiégés regardaient avec effroi les dents aiguës des cimes, les gueules noires des gorges et le camp bruyant de l’ennemi. Tout leur parlait de la mort, et nulle étoile consolante ne brillait pour eux.

Dans les maisons, on craignait d’allumer des lumières ; des ténèbres épaisses inondaient les rues, et parmi ces ténèbres, une femme enveloppée de la tête aux pieds dans un manteau noir, se glissait sans bruit, comme un poisson au fond de la rivière.

En la voyant, les gens s’interrogeaient :

— Est-ce elle ?

— C’est elle !

Et ils se cachaient dans des encoignures,