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Page:Grégoire - De la littérature des nègres.djvu/142

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une Négresse le recueille, le conduit chez elle, lui donne l’hospitalité, et assemble les femmes de sa famille qui passèrent une partie de la nuit à filer du colon, en improvisant des chansons pour distraire l’homme blanc, dont l’apparition dans ces contrées étoit une nouveauté : il fut l’objet d’une de ces chansons qui rappelle cette pensée d’Hervey, dans ses Méditations : Je crois entendre les vents plaider la cause du malheureux[1]. Voici cette pièce : « Les vents mugissoient, et la pluie tomboit ; le pauvre homme blanc, accablé de fatigue, vient s’asseoir sous notre arbre ; il n’a pas de mère pour lui apporter de lait, ni de femme pour moudre son grain » ; et les autres femmes chantoient en cœur : « Plaignons, plaignons le pauvre homme blanc ; il n’a pas de mère pour lui apporter son lait, ni de femme pour moudre son grain[2] ».

Tels sont les hommes calomniés par Descroizilles, qui, en 1803, imprimoit que les

  1. Hervey, Méditat., p. 151.
  2. Voyages et découvertes dans l’intérieur de l’Afrique, par Houghton et Mungo-Park, p. 180.