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Page:Grand’Halte - Les gaités d’un pantalon, 1921.djvu/10

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LES GAÎTÉS D’UN PANTALON

Cette tâche menée à bien, elle passa prestement un index mouillé de salive sur les sourcils châtains, mordit ses lèvres afin de leur donner une belle teinte rutilante, puis se sourit, orgueilleuse et satisfaite.

D’une allure de jeune panthère, elle se glissa dans la salle à manger et apparut aux regards courroucés de sa vénérée mère.

La toilette, en effet, était délicate ; confectionnée de tissu éponge, elle était rose, bordée à toutes les extrémités possibles, d’un bleu si tendre qu’on sentait, à le contempler, son cœur s’amollir.

Mme Cayon pinça sa bouche exsangue :

— Crois-tu dîner à l’ambassade de Russie ?

Léa esquissa un sourire angélique, pencha la tête sur l’épaule gauche et ne répliqua pas.

En présence de tant de douceur, la mère ne pouvait se fâcher et, quoique née austère, elle n’avait pas une âme de bourreau.

Le dîner fut dépêché, mais ensuite ce fut la dégustation lente et sérieuse d’une tasse de camomille.