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Page:Grille - Venale moeurs modernes.djvu/103

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— Vous savez, continua-t-il, que j’ai perdu ma mère très jeune ; et, peut-être plus qu’un autre, j’avais besoin d’une femme auprès de moi.

J’étais réservé, on disait triste. Les yeux brutaux de mes camarades me déplaisaient ; et, déjà grand, j’ai pleuré bien souvent, au collège, quand, les jours de sortie, je restais seul, abandonné, tandis que de jeunes femmes emmenaient leurs enfants avec de doux baisers et la caresse de leurs regards tendrement attachés sur leurs petits. Mon père m’aimait certainement, mais je le gênais. Souvent, il m’a reproché la mort de ma mère qui le chargeait uniquement de ma personne. Il s’occupait ardument de ses affaires, puis courait les petits théâtres, les cafés-concerts, les brasseries : la vie du fabricant parisien, ancien commis voyageur. C’était un homme probe, un commerçant solide ; il ne fallait pas lui demander plus qu’il ne pouvait donner. Son amour paternel ne consistait qu’à amasser beaucoup d’argent pour moi, sans