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Page:Grille - Venale moeurs modernes.djvu/104

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se priver de rien du reste, mettant tout son orgueil à élever un enfant de luxe qui vivrait du travail du père, ayant, dans le fond, un secret mépris pour ma santé délicate, la douceur, la pusillanimité de caractère que je tenais de ma mère et qui me séparait si complètement de sa grosse bonne humeur et de son tempérament habitué aux excès de tout genre. À douze ans, je savais tout juste lire et écrire. J’avais auprès de moi un vieux domestique qui, autrefois, avait étudié pour être instituteur. C’était lui qui m’instruisait et mon père trouvait que j’en savais toujours assez. À Paris, je ne voyais personne ; mon père était toujours hors de la maison ; sans le poney qu’il m’avait donné et un gros terre-neuve qui ne me quittait pas, j’aurais été bien malheureux. L’été, on m’envoyait à la campagne, près d’Issoudun, dans la ferme des Piquets que vous connaissez ; là, j’étais heureux absolument. Je ne demandais pas autre chose que flâner dans les bois ou dans les champs ; j’ai souvent passé des nuits en-