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Page:Grille - Venale moeurs modernes.djvu/105

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tières dehors ; toujours seul dans la campagne, je n’y sentais pas la solitude. Cependant, lorsque le vieux bonhomme qui faisait semblant de me surveiller mourut, mon père se décida à me mettre au collège ; j’y ai fait mes études tant bien que mal. J’aurais voulu entrer dans une école d’agriculture, mais jamais mon père n’y consentit. Enfin, je terminais mon volontariat quand il mourût, foudroyé en pleine activité par une attaque d’apoplexie. Je l’ai beaucoup pleuré. Il n’était pas tendre ; mais je n’avais jamais eu de meilleure affection et l’entière solitude me surprenait. Libre, je vins à la première habitation où mon enfance s’était plue, aux Piquets. J’ai acheté des terres, j’ai bâti, et je rêvais d’exploitation par moi-même ; puis les mois se passant, mon enthousiasme tomba, l’ennui me prit, un ennui profond, un dégoût de tout ce qui m’avait attiré jusque-là, un regret de m’enterrer si vite, tout seul, sans rien connaître de Paris et de la vie. Après tout, à trente ans, il serait assez tôt